J'ai eu le grand plaisir de participer à la 18e Conférence Maya Européenne (EMC) à Bruxelles. Le programme était chargé...
Lundi 28 octobre, la conférence inaugurale était faite par Harri Kettunen (Université d'Helsinki) et Christophe Helmke (Université de Copenhague) sur le thème "culture et écriture mayas". H. Kettunen a introduit la question par des généralités historiques, puis en alternance les conférenciers ont approfondi la présentation des signes, du système d'écriture, jusqu'aux plus récentes découvertes sur la langue des Mayas classiques. L'humour se mêlait à la science, et des images des Aventures de Tintin ponctuaient l'exposé, clin d'oeil au pays d'accueil.
En avant-soirée, c'était l'inauguration de l'exposition Le Monde sacré des Mayas par le photographe mexicain Mauricio Mergold, photographe archéologue pour l'INAH (Institut National d'Anthropologie et d'Histoire du Mexique) pendant dix ans et maintenant artiste indépendant. L'exposition réunissait 44 superbes clichés, des sites archéologiques et des portraits de Mayas actuels. Je me suis régalée à admirer les vues de sites que j'ai visités cet été avec mes amis mayas, Mayapan, Uxmal, Kabah entre autres. Et j'ai eu l'immense plaisir de visiter l'exposition en compagnie du japonais Shigeto Yoshida, auteur d'un excellent Guide grammatical du maya yucatèque en espagnol, avec qui j'avais jusqu'à présent une relation amicale sur les réseaux sociaux. Nous avons comparé nos expériences du monde maya –la sienne fort longue, la mienne bien courte, mais toutes deux mues par un même enthousiasme.
Du mardi 29 au jeudi 31, les participants étaient répartis par niveaux dans des ateliers sur l'écriture maya. Puisque je n'avais jamais travaillé que seule sur les glyphes et que depuis l'an dernier la littérature et la langue des Mayas yucatèques et ma traduction de la Femme sans tête de José Natividad Ic Xec ont occupé tout mon temps, j'avais par prudence choisi l'atelier des débutants: je ne l'ai pas regretté! Animé en français par Ramzy R. Barrois (École du Louvre) et Olivia Bourrat (Musée du Quai Branly) ainsi que par Rogelio Valencia Rivera (Universidad Veracruzana, Xalapa, Mexique), il a été très intense et très sympathique.
Quelques leçons magistrales de base ont rythmé l'atelier, sur le système d'écriture, le calendrier, les verbes, les sujets (personnages historiques et divinités), et sur les règles d'harmonie dans l'écriture. Mais l'essentiel était la traduction. Par groupes (je salue ici mes "condisciples" et complices Jean-Louis Duhaut et Jean-François Brohée) nous avons progressivement déchiffré quatre monuments de Piedras Negras, la stèle 3, la stèle 1, une inscription sur quatre fragments de coquillage, et finalement la stèle 8, presque effacée, mais dont le texte peut être reconstruit d'après les autres.
Nous avons ainsi fait la connaissance de Dame K'atun Ajaw, Dame de Naman, née en juillet 674 (9.12.2.0.16 5 Kib 14 Yaxk'in), et mariée à 12 ans à Koj, prince de Piedras Negras. Conséquence sans doute des festivités dont les étapes nous sont détaillées, son beau-père meurt et son mari prend le trône sous le nom de YokNalAk. À 34 ans, elle met au monde une fille, seule enfant du roi, que représente la stèle 3. Peu après, aux 25 ans de règne de son mari, elle prend officiellement le trône. On la voit finalement, une vingtaine d'années plus tard, présentant à YokNalAk une nouvelle épouse… Entretemps, s'achèvent pour les Mayas le 13e puis le 14e k'atun. Reste maintenant à mettre en pratique nos acquis sur d'autres monuments!
(nos trois professeurs, photographie aimablement communiquée par Olivia Bourrat)
Quelques leçons magistrales de base ont rythmé l'atelier, sur le système d'écriture, le calendrier, les verbes, les sujets (personnages historiques et divinités), et sur les règles d'harmonie dans l'écriture. Mais l'essentiel était la traduction. Par groupes (je salue ici mes "condisciples" et complices Jean-Louis Duhaut et Jean-François Brohée) nous avons progressivement déchiffré quatre monuments de Piedras Negras, la stèle 3, la stèle 1, une inscription sur quatre fragments de coquillage, et finalement la stèle 8, presque effacée, mais dont le texte peut être reconstruit d'après les autres.
Nous avons ainsi fait la connaissance de Dame K'atun Ajaw, Dame de Naman, née en juillet 674 (9.12.2.0.16 5 Kib 14 Yaxk'in), et mariée à 12 ans à Koj, prince de Piedras Negras. Conséquence sans doute des festivités dont les étapes nous sont détaillées, son beau-père meurt et son mari prend le trône sous le nom de YokNalAk. À 34 ans, elle met au monde une fille, seule enfant du roi, que représente la stèle 3. Peu après, aux 25 ans de règne de son mari, elle prend officiellement le trône. On la voit finalement, une vingtaine d'années plus tard, présentant à YokNalAk une nouvelle épouse… Entretemps, s'achèvent pour les Mayas le 13e puis le 14e k'atun. Reste maintenant à mettre en pratique nos acquis sur d'autres monuments!
Le vendredi 1er novembre et le samedi 2 avait lieu le symposium, sur le thème Post-Apocalypto: Crisis and Resilience in the Maya World. 20 conférences sur toutes les crises traversées par le monde maya, du pré-classique à l'époque actuelle. C'était passionnant, mais bien sûr je me suis particulièrement intéressée aux communications du samedi après-midi sur le Yucatán.
Catherine Letcher Lazo (Université de Bonn) a présenté une version inédite, venant des environs de Valladolid, du conte de la Corde vivante (kuxa'an suum), dont j'avais lu la version de Domingo Dzul Poot (Cuentos mayas, 1).
Jesper Nielsen (Université de Copenhague), lui, a étudié les Spolia, dans l'art et l'architecture du Yucatán au début de l'époque coloniale.
El Chilam Balam a accueilli sur son site mes impressions sur cette communication. Voici en français l'essentiel de mon article:
"Jesper Nielsen de l'Université de Copenhague a donné samedi 2 novembre un exposé intitulé Saints and Spolia: Crisis and Resilience in the Art and Architecture of Early Colonial Yucatán. Les peintures murales de Fernando Castro Pacheco au Palais du Gouvernement de Mérida rythmaient cette conférence: conquête espagnole, guerre des Castes…
Les Spolia ("dépouilles" en latin) sont les monuments –ou fragments de monuments– plus anciens encastrés dans des monuments d'une autre culture. Le conférencier danois rappelle que l'on a en Europe des exemples de ce procédé, comme des textes runiques sur des façades d'églises. Le phénomène a été étudié récemment dans le Mexique central (Oaxaca et Michoacán) mais ne l'a pas encore été vraiment chez les Mayas.
Et pourtant on trouve là des exemples spectaculaires. Un fragment de stèle est ainsi encastré dans la chapelle du site de Dzibilchaltún. Des reliefs ornent la façade de la petite église de Pisté, bien en évidence. On en trouve d'autres ailleurs, de la même manière, à Uayma par exemple.
On sait que l'élite maya était formée à l'iconographie chrétienne, comme le montre l'arbre généalogique des Xiu directement inspiré de l'arbre de Jessé, même s'il n'est pas sans évoquer la ceiba, axis mundi. On a commencé à étudier le motif récurrent de l'aigle à deux têtes, repris à l'iconographie espagnole, mais inspiré sans doute des oiseaux de l'iconographie maya classique.
L'auteur estime que les remplois de monuments mayas en évidence sur des édifices sacrés ne sont pas là par hasard. Il semblerait d'ailleurs qu'ils soient une pratique plus ancienne que les remplois des édifices profanes.
La question se pose de savoir si les Mayas bâtisseurs de ces monuments pour les Espagnols connaissaient encore la signification des textes qu'ils inséraient ainsi. C'est plus que probable. À tout le moins, ils savaient qu'ils mêlaient un texte de leur culture à la culture imposée par les conquérants.
De la même manière, la Place des Trois Cultures à Acanceh impose à l'oeil une égalité des croyances qui n'est pas anodine. Et quel plus bel exemple, quel exemple plus significatif que celui d'Izamal, par lequel l'auteur choisit d'ouvrir et de refermer sa conférence?
(le couvent de Saint Antoine de Padoue à Izamal, photo N. Genaille)
Sur le sol, à l'entrée de l'énorme Couvent de Saint Antoine de Padoue, construit sur une pyramide, à un emplacement choisi par Diego de Landa, on voit un grand glyphe. La couleur dorée de la pierre répond à l'ocre du bâtiment. Et ce n'est pas n'importe quel glyphe: c'est K'AK', le glyphe du feu. Or K'inich K'ak' Moo', "l'ara de feu au visage de soleil", est la forme du dieu Soleil adorée à Izamal, et elle donne son nom à la principale pyramide de la ville.
Serait-ce un glyphe récurrent à Izamal et choisi par hasard? Il est beaucoup plus séduisant et plus plausible que ce soit un glyphe choisi en pleine conscience de sa signification, et qui fait du couvent d'Izamal un édifice sacré accueillant le dieu Soleil. Et de toutes façons, c'est une présence affirmée de l'identité et de la pérennité des Mayas.
Sur l'écran, à la fin de la conférence, le Caminante del Mayab de Pacheco poursuit sa marche inexorable… "
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Tuve el gran gusto de participar a la 18a Conferencia maya europea en Bruselas. El programa fue muy cargado!
El lunes 28 de octubre, Harri Kettunen (Universidad de Helsinki) y Christophe Helmke (Universidad de Copenhague) dieron la conferencia inaugural sobre "cultura y escritura mayas": historia, presentación de los signos y del sistema de la escritura, hasta los más recientes descubrimientos sobre la lengua de los mayas clásicos. Hablaron con humor, y Tintin apareció en la pantalla en homenaje a Bruselas…
En la noche, fue la inauguración de la exposición El mundo sagrado de los mayas del fotógrafo mexicano Mauricio Mergold, fotógrafo arqueólogo para el INAH durante 10 años y ahora artista independiente. En 44 fotografías mostraba la arquitectura de sitios arqueológicos y la realidad de los mayas de hoy. Ví con gusto algunos sitios de mi viaje de agosto a Yucatán, Mayapan, Uxmal, Kabah y otros.
(Kabah, foto N. Genaille)
Y tuve el inmenso gusto de visitar la exposición en compañía de Shigeto Yoshida, de Japón, autor de la Guía gramatical del maya yucateco para los hispanohablantes, un amigo mio en las redes sociales. Comparamos nuestras experiencias del mundo maya, la suya muy larga, la mia muy corta, ambas con el mismo entusiasmo.
Del martes 29 al jueves 31, participamos en talleres sobre la escritura maya. Nunca había participado antes en un taller, así me inscribí en los principiantes, y fui muy contenta! Los maestros fueron Ramzy R. Barrois (Escuela del Louvre), Olivia Bourrat (Museo del Quai Branly), y Rogelio Valencia Rivera (Universidad Veracruzana, Xalapa, Mexico). El trabajo, en francés, fue intenso y simpatico: algunas lecturas sobre el sistema de escritura, el calendario, la gramática, los personajes, pero sobre todo traducciones. En grupos (yo con Jean-Louis Duhaut y Jean-François Brohée), desciframos 4 textos desde Piedras Negras, estela 3, estela 1, una inscripción sobre concha, y estela 8, casi borrada pero cuyo texto pudimos reconstruir en comparación con los otros. Así descubrimos la vida de doña K'atun Ajaw, señora de Naman.
Nació en julio de 674 (9.12.2.0.16 5 Kib 14 Yaxk'in) y fue casada cuando tenía 12 años con Koj, principe de Piedras Negras. Probabilmente debido a la fiesta, su suegro murió y su marido subió al trono bajo el nombre de YokNalAk. Cuando tiene 34 años, da a luz una hija, única hija del rey, representada en la estela 3. Poco después, para los 25 años del reinado de su marido, sube oficialmente al trono. Y se ve, al rededor de veinte años más tarde, presentando a YokNalAk una nueva esposa… Al mismo tiempo se terminan para los mayas el 13° y el 14° k'atun. Ahora debemos poner nuestros nuevos conocimientos en practica con otros textos!
Después de los talleres fue el simposio de dos días titulado Post-Apocalypto. Me interesé principalmente por las conferencias sobre el Yucatán.
Catherine Letcher Lazo (Universidad de Bonn) presentó una version inedita desde los alrededores de Valladolid del cuento de la soga viva (kuxa'an suum), que leí en los Cuentos mayas de Domingo Dzul Poot.
Jesper Nielsen (Universidad de Copenhague) dio una conferencia sobra los Spolia.
El Chilam Balam acogió en su sitio de internet un articulo mío sobre este informe,
que pueden leer AQUÍ
J'aime énormément.
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