(foto / photo el Chilam Balam)
Como hace dos años, a propósito de Janal Pixan, les presento aquí el texto maya y español de un hermoso poema por Pedro Uc Be, alias Lázaro Kan Ek, y mi traducción al francés así como mi comentario.
Comme il y a deux ans, à l'occasion de Janal Pixan, je vous présente ici un beau poème de Pedro Uc Be, alias Lázaro Kan Ek, dans son texte maya et espagnol, avec ma traduction française, et mon commentaire.
Pixaan
Xíitenxíit u k'áanp'uche'en x pu'ujukil a beel
Chan paalech, x lo'bayeenech, nojoch máakech:
Líik'il-lik' a ka'aj ta lu'umil ti' le k'iino'oba', tumen bejla'e' a tia'al.
T'abalt'ab u box kibil chik'iin, u juul u beel a wu'ulul,
T'abalt'ab u chak kibil lak'iin, u juul a woot'el,
T'abalt'ab u sak kibil xaman, u juul a ko'il,
T'abalt'ab u k'an kibil nojol, u juul a ka' suut.
Tu yóok'ol u le' ja'as ku bankuunta'al a luuch tumen a xki'ichpan Na':
Éets'en-éets' u áak'sa'il a kanti'its ka'anil,
Péekunpéek u ch'ujukil u ts'íimil u najil xi'ba'albaj,
Jáayenjáay u iswaajil u wíinklil yumtsilo'ob,
Xóolenxóol u look u payalchi' ich si'intun a wet k'i'ik'elo'ob.
K'ajlaayech, tumen a xíimbal jóomsik u ki'imak óolalil k piixan.
Pedro Uc Be
Ánima
Brota-brota el amarillo xpujuk de tu calzada
Eres niño, eres joven, eres adulto:
Levántate-levántate de la tierra, ahora es tuya,
Prende-prende la negra vela del poniente, luz de tu presencia,
Prende-prende la roja vela del oriente, luz de tu piel,
Prende-prende la blanca vela del norte, luz de tus andanzas,
Prende-prende la amarilla luz del sur, luz de tu regreso.
Sobre las hojas de plátano tu madre coloca tu jícara:
Es el atole nuevo donde reposan tus esquinas celestes,
En la case de xibalbaj yace la yuca endulzada,
Y en el iswaj duerme la carne de los dioses,
Arrodillada la sangre de tu sangre rezan en horno de piedra,
Eres memoria que levanta con su paso nuestras ánimas.
Pedro Uc Be
Âme
IL POUSSE, le xpu'ujuk jaune de ton chemin.
Tu es un enfant, une jeune fille, un adulte:
LÈVE-TOI de la terre maintenant, car ce jour est le tien.
ALLUME la bougie noire du couchant, lumière du chemin de ton arrivée,
ALLUME la bougie rouge du levant, lumière de ta peau,
ALLUME la bougie blanche du nord, lumière de tes aventures,
ALLUME la bougie jaune du sud, lumière de ton retour.
Sur les feuilles de bananier ta mère place ta calebasse:
RÉSONNE l'atole nouveau des quatre directions de ton ciel,
BOUILLONNE le yuca au sirop de la demeure de Xibalba,
EST DÉPOSÉE la tortilla de maïs nouveau du corps des dieux;
BOUT sur le foyer le bruit des prières de ta famille...
Tu es souvenir, qui par ton passage éveille le bonheur de nos âmes.
traduction française de Nicole Genaille
Comentario
El muerto, joven o adulto, o la
joven muerta, vuelve del Xibalbaj, el inframundo maya, para el tiempo de Janal Pixan, la comida de las ánimas, en los alrededores del 1 de noviembre.
Las flores amarillas del xpu'ujuk (tagetes erecta) iluminan los pasos del muerto. Son las flores más
características del Janal Pixan.
Pedro Uc Be habla con fuerza:
los verbos al inicio de cada verso están repetidos, lo que los intensifica. El
autor conservó el mismo procedimiento en su texto en español. Yo los escribí en
mayúsculas en francés.
El regreso del muerto se
acompaña de la luz de las velas de las direcciones cardinales (ve aquí el mundo de los mayas). Es como si el muerto prendiera las velas de sí mismo,
pues la iluminación denota las etapas de su regreso.
Durante ese tiempo la madre del
finado, pues aquí se trata claramente de alguien joven, no de un abuelo como en
el otro poema de Pedro Uc Be, prepara el altar y coloca los alimentos: atole
nuevo en jícara, dulce de yuca, que es lo que prefiere el muerto, y tortillas.
Cada ofrenda corresponde a un elemento del universo, del universo divino.
En fin, se oye en el fuego el rumor
de las oraciones de toda la familia rezando, de rodillas.
El poema, conciso y emocionante
termina con la unión del ánima con las almas de los integrantes de su familia,
en un reencuentro feliz.
Commentaire
Le mort, jeune ou adulte, ou la jeune morte, revient de Xibalbaj, l'inframonde maya, pour le temps de Janal Pixan, le repas des âmes, aux environs du premier novembre.
Les fleurs jaunes du xpu'ujuk (tagetes erecta, la rose d'Inde) illuminent les pas du mort. Ce sont les fleurs les plus caractéristiques de Janal Pixan.
Pedro Uc Be parle avec force: les verbes en tête de chaque vers sont répétés, ce qui les intensifie. L'auteur a gardé le même procédé dans son texte en espagnol. Je les ai écrits en majuscules en français, pour indiquer l'intensité de la voix.
Le retour du mort s'accompagne de la lumière des bougies des quatre directions cardinales (voyez ici l'univers des Mayas). Cette illumination est comme faite par le mort lui-même car elle marque les étapes de son retour.
Pendant ce temps, la mère du défunt (c'est donc ici clairement quelqu'un de jeune, contrairement au grand-père de l'autre poème de Pedro Uc Be) prépare l'autel et y place les aliments: calebasse d'atole nouveau, fruit au sirop, ici le yuca, que préfère le mort, et tortillas. Chaque offrande correspond à un élément de l'univers, de l'univers divin.
Enfin, on entend sur le foyer la rumeur des prières de toute la famille à genoux.
Et ce poème retenu et émouvant s'achève par l'union de l'âme du défunt avec les âmes des membres de sa famille, dans des retrouvailles heureuses.
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