mardi 15 septembre 2015

À Cisteil / En Cisteil



En juillet, nous sommes allés à Cisteil!
En julio, ¡fuimos a Cisteil!

Nous étions dans le sud du Yucatán, sur de petites routes, en direction de Peto... Et nous sommes arrivés à un village avec une vaste place centrale. La voiture a fait le tour de la place, et s'est arrêtée devant une plaque commémorative: "Jacinto Uc de los Santos 'Kanek', témoignage d'une source d'énergie et d'un rayonnement social qui unit la nation maya. De Kisteil s'entend l'écho de son cri de liberté, qui dit Kuxa'ano'on (nous sommes vivants)". Cette plaque, datée du 12 octobre 2008, commémore les événements de 1761: j'ai compris alors que nous étions à Cisteil (prononcer Kistéïl).

Estábamos en el sur de Yucatán, en pequeñas carreteras, andando hacia Peto... Y llegamos a un pueblo con una gran plaza en el centro. El auto volvió alrededor de la plaza, y se paró enfrente de un cartel conmemorativo: "Jacinto Uc de los Santos 'Kanek', testimonio de una fuente de energía y una proyección social que une a la nacionalidad maya. Desde Kisteil se escucha el echo de su grito libertario, que dice Kuxa'ano'on (estamos vivos)". Ese cartel, puesto en el 12 de octubre de 2008, conmemora los eventos de 1761: entendí entonces que estábamos en Cisteil.


J'étais très émue. C'est là, en effet, qu'a eu lieu en 1761 un soulèvement des Mayas contre les Espagnols, mené par Jacinto Canek...
On peut lire toutes sortes d'affirmations contradictoires sur cette rébellion, selon l'origine ou les opinions des chroniqueurs. Il y a une excellente présentation des faits par Mario Humberto Ruz Sosa dans le catalogue de l'exposition Mayas. Révélation d'un temps sans fin au Quai Branly qui a eu lieu l'an dernier. Mais j'ai aussi trouvé une étude assez récente, pondérée et bien au fait de la pensée maya, qui s'appuie sur les sources contemporaines les plus fiables, les minutes du procès qui s'en est suivi. Je vous donne donc ici le résumé de cet article en espagnol de Robert W. Patch, dans la revue Desacatos du Ciesas (centre de recherches en anthropologie sociale), 13 (2003), p. 46-59.

Me conmovió mucho. Pues está ahí que en 1761 tuvo lugar un alzamiento de los mayas contra los españoles, dirigido por Jacinto Canek...
Se pueden leer muy varias cosas contradictorias sobre esa rebelión, según la origen o las opiniones de los cronistas. Hay una excelente presentación de los datos por Mario Humberto Ruz Sosa en el catalogo en francés de la exposición Mayas. Revelación de un tiempo sin fin que tuvo lugar en el Quai Branly en Paris el año pasado. Sin embargo, encontré también un estudio bastante reciente, ponderado y conociendo bien el pensamiento de los mayas, y que utilisa las fuentes más ciertas, los textos del juicio que tuvo lugar después. Les doy entonces aquí un resumen de este articulo en español de Robert W. Patch, publicado en la revista Desacatos del Ciesas, 13 (2003), p. 46-59.

Cisteil était alors un village de fondation récente, avec en son centre une église et un cimetière. Le soulèvement eut bien sûr pour cause l'exploitation coloniale, mais il y avait plus, selon l'analyse convaincante de R. Patch: ce qui était en question était de savoir qui représentait l'autorité légale.

Cisteil era entonces un pueblo recién fundado, con una iglesia y un cementerio en el centro. Claro una causa de la sublevación fue la explotación colonial, pero hubo más, según el análisis convincente de R. Patch: lo que estaba en disputa era quién representaba la autoridad legal.

Jacinto Uc de los Santos avait 30 ans en 1761 et était veuf. Selon Patch, il se conduisait comme un "chaman" (un jmeen). A Chikindzonot, à Tiholop, il proclama qu'il était le roi prophétisé dans la Bible. Puis il vint à Cisteil. Pour prouver sa légitimité, il fit tuer tous les cochons, parce que, disait-il, les porcs ont des âmes espagnoles. Il fut couronné comme Jacinto Uc de los Santos, Can Ek, Roi Moctezuma. Canek est le nom du dernier chef des Mayas indépendants en 1697, moins d'un siècle plus tôt. Moctezuma est l'empereur aztèque. La majorité des Mayas à Cisteil pensèrent qu'était arrivé le temps annoncé dans la prophétie des Livres de Chilam Balam, le prophète de la fin de l'époque préhispanique. De fait, les Mayas pensaient que le temps évolue par cycles, et que le régime colonial était seulement une phase dans cette histoire cyclique.

Jacinto Uc de los Santos tenía 30 años en 1761 y era viudo. Según Patch, se condujo como un chamán (un jmeen). En Chikindzonot, en Tiholop, proclamó ser el rey profetizado en la Biblia. Después vino a Cisteil. Para probar su legitimidad, mandó matar todos los cochinos porque, decía, los cerdos tienen almas españolas. Fue coronado Jacinto Uc de los Santos, Can Ek, Rey Moctezuma. Canek es el nombre del ultimo gobernante de los mayas independientes, en 1697, menos de un siglo antes. Moctezuma es el emperador azteca. La mayoría de los mayas en Cisteil pensaron que había llegado el tiempo anunciado en la profecía de los Libros de el Chilam Balam, el profeta del fin de la época prehispánica. De hecho, los mayas pensaban que el tiempo se mueve en ciclos, y que el régimen colonial sólo era una fase en la historia cíclica.

Avec Canek, les Mayas réclamaient l'autorité pour eux-mêmes, et ce mouvement messianique se transforma en insurrection. Ils tuèrent un Espagnol; une troupe espagnole vint rétablir l'ordre, et fut vaincue; un détachement de centaines d'Espagnols se réunit à Peto, et pendant le même temps les Mayas écrivaient à des villages lointains pour demander de l'aide, entre autres à Uxmal, terre de légende et d'histoire pour les Mayas. Canak prit les fonctions les plus hautes dans le gouvernement civil, en nommant d'autres officiels, et aussi celles d'un chef religieux, ce qui scandalisa ensuite ses juges.

Con Canek, los mayas reclamaban la autoridad para si mismos, y ese movimiento mesiánico se volvió insurrección. Mataron a un español; una tropa español vino a restablecer el orden, y fue vencida; un destacamento de cientos de españoles se reunió en Peto, y al mismo tiempo los mayas escribieron a pueblos lejanos para pedir ayuda, entre otros a Uxmal, tierra de leyenda y de historia mayas. Canek asumió las funciones más altas del gobierno civil, nominando a otros oficiales, y también las de un líder religioso, lo que escandalizó después durante su juicio.

On les attaqua le 26 novembre 1761. Quarante Espagnols moururent à Cisteil, mais il y eut plus de cinq cents morts mayas. Canek fut capturé ensuite, avec d'autres chefs. Le jugement commença le 30 novembre. Canek fut condamné au supplice: être dépecé avec des tenailles, son corps brûlé et ses cendres dispersées au vent. Les autres châtiments furent également terribles. Des villages des alentours de Cisteil, par où je suis passée lors de mon voyage, venaient presque la moitié des condamnés, qui étaient plus de 200.

Los atacaron el 26 de noviembre de 1761. Cuarenta españoles murieron en Cisteil, pero hubo más de quinientos mayas muertos. Canek fue capturado después, con otros líderes. El juicio empezó el 30 de noviembre. Canek fue condenado al suplicio: ser despedazado con tenazas, su cuerpo quemado y sus cenizas esparcidas al viento. Los otros castigos fueron terribles también. Los pueblos de los alrededores de Cisteil, a donde fui en mi paseo, daban casi la mitad de los sentenciados que fueron más de dos cientos.


F. Castro Pacheco, El suplicio de Jacinto Canek
(Merida, Palacio del Gobierno)

Ensuite, Cisteil fut rasé et incendié en représailles, et du sel répandu sur le sol. Et pourtant, ce village martyr, dont certains ouvrages affirment qu'on ne sait plus où il se trouve, renait maintenant de l'oubli. Autour de cette grande place, il y a des habitations.
Después Cisteil fue arrasado e incendiado  en represalias, y el terreno fue cubierto de sal. Sin embargo ese pueblo mártir, de los cual algunos libros dicen que no se sabe más donde se encuentra, está ahora renaciendo del olvido. Alrededor de esa gran plaza, hay casas. 



Nous en avons fait le tour à pied: au centre une maison maya au toit de guano abrite le moulin pour moudre le maïs du village.
Le damos la vuelta caminando: en el centro una casa maya con techo de guano aloja el molino, para moler el maíz del pueblo.




Derrière elle, un arbre avec un grand panneau écrit à la main. Il cite une phrase terrible de Jacinto Canek, selon Ermilo Abreu Gómez, dans son beau livre Canek de 1942:
"Les Blancs ont fait que ces terres soient étrangères pour l'Indien, ils ont fait que l'Indien achète avec son sang l'air qu'il respire."
Puis elle explique que l'oeuvre qu'elle commémore est la voie de 400 m et le terrain de sports voisin, faits par le village avec ses propres ressources en octobre 2010.
Enfin, le texte se termine, en maya, par une adresse aux visiteurs:

Detrás de ella hay un árbol con un gran cartel escrito a mano. Cita una frase terrible de Jacinto Canek según Ermilo Abreu Gómez, en su hermoso libro Canek de 1942:
"Los blancos hicieron que estas tierras fueran extranjeras para el indio, hicieron que el indio comprara con su sangre el viento que respira."
Después explica que la obra que conmemora es la calle de 400 metros y el campo deportivo vecino, hechos por el pueblo con sus propios recursos en octubre de 2010.
Y el texto se termina, en maya, con palabras dirigidas a los paseantes:



Ki'imak k-óol a taal a xíimbalto'one'ex, k'ame'ex le ki'óolalila'.
Nous nous réjouissons que vous veniez nous rendre visite, recevez cette joie.
Estamos felices que vengan a visitarnos, reciban esta felicidad.

2 commentaires:

  1. Excelente Nicole, me ha encantado el texto y aprender un poco más sobre los mayas. Gracias. Saludos cordiales!

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    1. Muchas gracias por tu cumplido Sandra! Es la idea que me hace escribir...

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