lundi 10 octobre 2016

Nool / Abuelo / Grand-père Un poème pour Janal Pixan Un poema para Janal Pixan

(Janal Pixan: almas y altar de las almas
Janal Pixan: âmes et autel des âmes
photo / foto elChilamBalam)

Nool / Abuelo, un hermoso poema maya para Janal Pixan con sa traducción al español por Pedro Uc Be, alias Lázaro Kan Ek. Traducción al francés y comentario en dos lenguas por Nicole Genaille.

Nool / Grand-père, un beau poème en maya et en espagnol de Pedro Uc Be, alias Lázaro Kan Ek, pour Janal Pixan. Traduction française et commentaire de N. Genaille.



Nool

U x pu'ujukilo'ob a beel bonik a máan
k'áanjats'en u bin u xiitilo'ob táanil ti a wook
ts'o'ok junp'éel ja'ab taakech u ts'ookbalak a xiimbaten
k'aja'anten bix a tsikbatik yéetel u ki'imakil a wóol te bolontik'ujo'
bix a kuxkiintik yum kiimil tu jo'nel xi'iba'albaj
ja'abilja'ab a túuntik u píibil waajil pixano'ob
jach ki' ta chi' u ch'ujkil iis yéetel puut;
ba'ale' wa mina'an u kaabile' ka chan ts'iikil
u sáasilil u kibil lak'in, chik'in, xaman yéetel nojol kaaje'
ku méek'ko'on tu ki'imakil u yóol un wiinklil a piixan

PEDRO UC BE

Abuelo

El x pu'ujuk de tu camino amarillenta tus huellas.
Se abren amarillentas ante tus pies.
Ha pasado un año desde tu ultima visita.
Recuerdo tus alegres anecdotas inframundas,
Que vivificas la muerte en las entrañas de xibalbaj.
Año tras año gustas del piib de ánimas,
Disfrutas el dulce de camote y papaya,
Aunque reclamas siempre la falta de miel.
Las velas del oriente, poniente, norte y sur del pueblo,
Nos abrazan en la alegria de la carne de tu espiritu.

PEDRO UC BE


Grand-père

Le xpu'ujuk de ton chemin colore tes pas
Son jaune intense s'étend devant tes pieds
Voici un an que tu nous as rendu visite
Je me rappelle ta conversation allègre sur l'autre vie,
Comment tu vis la mort dans l'inframonde.
Année après année tu goûtes le píib des âmes
Tu savoures les fruits au sirop, patate douce et papaye,
Mais l'absence de miel te contrarie.
La lumière des bougies de l'Est, l'Ouest, le Nord, et le Sud du village
Nous embrasse dans l'allégresse de l'incarnation de ton âme.

Traduction Nicole Genaille

(píib,
photo/ foto Flor Estrella)

Comentario

El abuelo vuelve de Xibalbá, el inframundo maya, el país de los nueve niveles y nueve dioses (bolontik'uj), y vuelve para el tiempo de Janal Pixan, la comida de las ánimasen los alrededores del 1 de noviembre. Esta encarnación de su alma (u wíinklil a pixan, el cuerpo de tu alma) es un momento de gran alegría para su familia a la cual viene a visitar (a xíimbalte) una vez al año.

Toda la fiesta del Janal Pixan está presente en este hermoso poema de Pedro Uc Be, alias Lázaro Kan Ek.
Las flores amarillas del x pu'ujuk (tagetes erecta) iluminan los pasos del muerto que vuelve entre los vivos. Son las flores más características del Janal Pixan, y también las más luminosas, las más solares.

Sobre el altar están dispuestos los alimentos para el muerto. Está el píib, el pan especial hecho de masa, k'óol y carnes de pollo y puerco, cocido bajo tierra envuelto en hojas de plátano, y también están los dulces de camote o papaya... Pero el anciano, que renace de verdad durante esta visita tiene su propio carácter, y necesita la miel a su gusto...

Pues es una verdadera visita durante la cual se platica, se dan noticias del año que ha transcurrido. Todo es alegre aquí, es la alegría del renacimiento en medio de la luz de las velas, velas de los quatro puntos cardinales del pueblo. Esas velas quizá también representen los colores de las direcciones cardinales: rojas para el Oriente, negras para el Poniente, blancas para el Norte y amarillas para el Sur (ver aquí El mundo de los mayas).

El poema de Lázaro Kan Ek está todo hecho de simplicidad, de reserva, para hacer sentir mejor la profundidad de la emoción que estalla en la última línea después de ser anunciada con la magia de la primera línea: "U x pu'ujukilo'ob a beel bonik a máan".

Commentaire

Le grand-père revient de Xibalba, l'inframonde maya, le pays des neufs niveaux et des neufs dieux (bolontik'uj), et il revient pour le temps de Janal Pixan, le repas des âmes, aux environs du 1er novembre. Cette incarnation de son âme (u wíinklil a pixan, le corps de ton âme) est un moment de grande joie pour sa famille, à laquelle il vient rendre visite (a xíimbalte) une fois l'an.

Toute la fête de Janal Pixan est présente dans ce beau poème de Pedro Uc Be, alias Lázaro Kan Ek.

Les fleurs jaunes du x pu'ujuk (tagetes erecta) illuminent les pas du mort qui revient entre les vivants. Ce sont les fleurs les plus caractéristiques de Janal Pixan, et aussi les plus lumineuses, les plus solaires.

Sur l'autel sont disposés les aliments pour le mort. C'est le píib, le pain spécial fait de pâte de maïs, de k'óol (bouillon épais), et de viande de poulet et de porc, qui est cuit sous la terre enveloppé dans des feuilles de bananier. Et il y a aussi les fruits au sirop, patate douce et papaye... Mais le vieillard, qui renaît véritablement durant cette visite a son caractère bien à lui, et veut du miel selon son goût...

Car c'est une véritable visite durant laquelle on bavarde, on se donne des nouvelles de l'année qui vient de s'écouler. Tout y est joyeux, c'est l'allégresse de la renaissance au milieu de la lumière des bougies, bougies des quatre points cardinaux du village. Peut-être ces bougies représentent-elles aussi les directions cardinales: rouges pour l'Est, noires pour l'Ouest, blanches pour le Nord, et jaunes pour le Sud (voyez ici L'univers des Mayas).

Le poème de Lázaro Kan Ek est tout en simplicité, en retenue, pour mieux faire sentir la profondeur de l'émotion, qui éclate dans le dernier vers après avoir été préparée par la magie du premier: "U x pu'ujukilo'ob a beel bonik a máan"...

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