mercredi 23 mars 2016

El pavo del monte de los mayas / Le dindon sylvestre (kuuts)


Kuuts


El Mayab es U lu'umil kuuts, u lu'umil kéej...
(texto en español y en francés por Nicole Genaille, a propósito de un poema en maya de Lázaro Kan Ek/ Pedro Uc Be)
Le Mayab est dit U lu'umil kuuts, u lu'umil kéej...
(texte en espagnol et en français de Nicole Genaille, à propos d'un poème en maya de Lázaro Kan Ek/ Pedro Uc Be)


El Mayab es U lu'umil kuuts, u lu'umil kéej...
El gran escritor Antonio Mediz Bolio (1884-1957) lo tradujo como La tierra del faisán y del venado (obra de poesía en prosa sobre la historia del Mayab publicada en 1922). Sin embargo el kuuts no es un faisán, pues no hay faisán en Yucatán, sino una muy hermosa ave endémica de la Península, caracteristica del monte. Se trata de Meleagris ocellata, el pavo silvestre yucateco, pavo ocelado o pavo del monte. Pertenece también a la familia de los phasianidae, como el faisán, un ave grande de casi un metro y de cuatro kilos. Tiene bonitos colores, cobre y verde iridiscente. En la cola las plumas son grises y azules con manchas rotundas naranja. La cabeza está desnuda, azul con nódulos rojos. Las patas son rojas; los machos tienen espolones grandes. Pueden volar, y duermen en árboles altos, aunque durante el día prefieren pasear y escaparse corriendo del peligro. Su canto consiste en una serie de notas guturales, más y más rápidas. La especie está considerada amenazada.

Le Mayab est dit U lu'umil kuuts, u lu'umil kéej...
Le grand écrivain Antonio Mediz Bolio (1884-1957) l'a traduit comme La Terre du faisan et du cerf (oeuvre de poésie en prose sur l'histoire du Mayab publiée en 1922). Cependant le kuuts n'est pas un faisan, car il n'y a pas de faisans au Yucatán, c'est un très bel oiseau endémique de la Péninsule, et caractéristique de la forêt. Il s'agit de Meleagris ocellata, le dindon sylvestre yucatèque. Il appartient à la famille des phasianidae, comme le faisan, et c'est un grand oiseau de près d'un mètre et de quatre kilos. Il a de belles couleurs, cuivre et vert iridescent. Les plumes de la queue sont grises et bleues avec des ocelles oranges. La tête est dénudée, bleue avec des nodules rouges. Les pattes sont rouges; les mâles ont de grands ergots. Ils peuvent voler, et dorment sur des arbres élevés, mais durant la journée ils préfèrent marcher, et échapper à la course au danger. Leur chant consiste en une série de notes gutturales de plus en plus rapides. L'espèce est considérée comme menacée.

En mi clase de lengua maya acabo de leer un bonito poema que se llama Siipkuuts. Siip es una deidad. Son "deidades mayas de la cacería (...) espíritus que habitan en los montes y se encargan de  proteger a los venados de los cazadores." (Cordemex, 730): el siip es el espíritu mismo del animal, generalmente un venado, es el Rey de los Venados. Así mismo el Siipkuuts, aquí, es el Rey de los Pavos del monte. En el poema, se dice de él que es el wáay kuuts, entonces es el ser mismo de todos los pavos, el que cuida la vida de los pavos, el que guarda los pavos de los cazadores, desviando por magia sus balas o su vista.

Dans ma classe de langue et littérature maya, je viens de lire un beau poème qui s'appelle Siipkuuts. Siip est une entité divine. Selon la définition du dictionnaire Cordemex, ce sont des divinités mayas de la chasse, des esprits qui habitent les bois et se chargent de protéger les cerfs des chasseurs (p. 730): le siip est l'esprit même de l'animal, généralement un cerf, c'est le Roi des Cerfs. De même, le Siipkuuts, ici, est le Roi des Dindons de la forêt. Dans le poème, on dit qu'il est le wáay kuuts, donc c'est l'être même de tous les dindons, celui qui protège leur vie, celui qui défend les dindons sauvages des chasseurs, déviant par magie leurs balles ou leur visée.

 Pero también el Gran Pavo aquí no es solamente el que encanta, sino el que canta: los pavos son los cantores del monte. El Siipkuuts es el canto del monte, sus notas guturales vienen directamente de la voz del dios Cháak, me parece, el dios de la lluvia y del trueno. Esa música es la que le gusta al Dios del Monte, a Yuum K'áax. Pero también es el canto de la rebelión, el del wi'it', del hombre montaraz, el canto que viene de la voz (chi') con un juego de palabras del líder y héroe maya de la Guerra de Castas Cecilio Chi. Entonces Siipkuuts es el alma misma del verdadero hombre maya libre y  su enemigo principal es el ts'uul, el hombre blanco, el descendiente de los conquistadores.

Mais également le Grand Dindon n'est pas ici seulement celui qui enchante, il est aussi celui qui chante: les dindons sont les chanteurs de la forêt. Le Siipkuuts est le chant de la forêt, ses notes gutturales viennent directement, me semble-t-il, de la voix du dieu Cháak, le dieu de la pluie et du tonnerre. Cette musique est celle qui plaît au Dieu des Forêts, à Yuum K'áax en personne. Mais c'est aussi le chant de la rébellion, celui du wi'it', de l'homme réfugié dans la forêt, le chant qui vient de la bouche (chi') avec un jeu de mots, du chef et héros maya de la Guerre des Castes Cecilio Chi. Donc Siipkuuts est l'âme même du véritable homme libre maya, et son ennemi est le ts'uul, l'homme blanc, le descendant des conquistadors. 

El ritmo del poema es bonito. Ademas de los paralelismos y repeticiones que caracterizan a la poesía maya, los versos se alternan, uno con una construcción sin verbo (tú eres el mayor, el alma, el canto...), el otro con una construcción verbal (tú esquivas, desvías...). Decidí traducir cada grupo de dos versos como una estrofa, pero esto es sólo una elección personal de estilo, para aligerar la traducción.

Le rythme du poème est très réussi. Outre les parallélismes et les répétitions qui caractérisent la poésie maya, les vers alternent, l'un avec une construction non verbale (tu es le plus grand, l'âme, le chant...), l'autre avec une construction verbale (tu esquives, tu dévies...). J'ai décidé de traduire chaque groupe de deux vers comme une strophe, mais c'est seulement un choix personnel de style, pour alléger la traduction.

El autor es Pedro Uc Be, que tiene también como seudónimo Lázaro Kan Ek, un poeta maya muy inspirado y ardiente colaborador de El Chilam Balam. Y escribe poesía maya y poesía en español... Entonces aquí elijo dar no la traducción exacta al español de su poema maya, pero otra version, sobre los mismos temas y la misma idea general, sin embargo con una estructura muy diferente, y muy bonita también. Y en el poema en español, termina por una alusión a la actualidad política de México más generalmente, la desaparición de los 43 jóvenes estudiantes normalistas de Ayotzinapa en 2014 que suscitó tanta indignación. El Siipkuuts sigue siendo un verdadero rebelde... 

L'auteur est Pedro Uc Be, qui a aussi comme pseudonyme Lázaro Kan Ek, un poète maya très inspiré et ardent collaborateur de El Chilam Balam. Il écrit de la poésie maya et espagnole... aussi a-t-il choisi ici de donner non pas la traduction exacte en espagnol de son poème maya, mais une autre version, sur les mêmes thèmes et la même idée générale, mais avec une structure toute différente, et très belle elle aussi. Et le poème en espagnol se termine par une allusion à l'actualité politique du Mexique plus générale, la disparition des 43 jeunes étudiants normaliens d'Ayotzinapa en 2014 qui a suscité une si grande indignation. Le Siipkuuts continue d'être un vrai rebelle...  



Foto: El poeta Lázaro Kan Ek o SiipKuuts en una lectura poética el 17 de marzo pasado en la noche, en el salón Uxmal 7, del Centro de Convenciones Siglo XXI, donde alternó con la cantante Norma Espinosa Zurita
Photo: Le poète Lázaro Kan Ek ou SiipKuuts dans une lecture poétique le soir du 17 mars dernier, au salon Uxmal 7 du Centre de Congrès Siglo XXI, où il alternait avec la chanteuse Norma Espinosa Zurita.


Les doy aquí, con el poema maya, mis dos traducciones al español y al francés, y con el poema español, mi traducción al francés.
Je vous donne ici, avec le poème maya, mes deux traductions, en espagnol et en français, et avec le poème espagnol, ma traduction française.


SIIPKUUTS

U noojochech k'aykuutso'ob,
Ka jechik u chakjole'enil u yóol ts'oon,
U uáayilech u k'aay kuutso'ob,
Ka ch'ebik u tojil u paakat aj ts'oon,
U ka'púutkuxtalech a jk'aykuutspaalao'ob,
Ka k'ayik u puksi'ik'al aj kiinsaj k'aay,
U k'aayilech u bujk'áax k'aykuutso'ob,
Ka paxik a chíim le ken juulnak u t'aan Yumtsil,
U aj kalaanech u kuxtal k'aykuutso'ob,
Ka majáantik u chi' Yuum Cecilio Chi' utial a k'aay,
U paaxilech u yutsil u xikin Yuum K'áax.
Le beetik jun yuul ch'a'apachta'anech kiinsbil tumen ts'uul.

PEDRO UC BE


Rey de los pavos del monte

Tú, el mayor de los pavos cantores
Esquivas el rojo vivo de la bala del rifle
Tú, el alma de los pavos cantores del monte
Desvías la puntería certera del cazador
Tú, la resurrección de tus hijos cantores
Cantas al corazón del que mata el canto
Tú, el canto de los pavos cantores en medio del monte 
Haces resonar tu pecho cuando oyes la voz del dios
Tú, el cuidador de la vida de los pavos cantores
Para que cantes, prestas la voz de Cecilio Chi
Tú, la música que a Yuum K'áax le gusta escuchar.
Es por eso que el blanco te persigue para matar.

(traducción N. Genaille)


Le roi des dindons sauvages

Toi, le plus grand des dindons chanteurs,
Tu esquives la balle embrasée du fusil.
Toi, l'âme des dindons sauvages qui chantent,
Tu dévies la juste visée du chasseur.
Toi, la résurrection de tes enfants chanteurs,
Tu chantes pour le coeur de qui met à mort le chant.
Toi le chant des dindons sauvages au milieu de la forêt 
Tu fais résoner ta poitrine quand tu entends la voix du dieu.
Toi, le gardien de la vie des dindons chanteurs,
Tu empruntes sa voix à Cecilio Chi pour chanter,
Toi, la musique qu'aime entendre Yuum K'áax.
C'est pour cela que l'homme blanc te poursuit pour te tuer.

(traduction N. Genaille)


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SIIPKUUTS


Grandeza y canto, tu imagen y voz,
Burla y magia, tu cuerpo ante la bala,
Nahual y alma, tu ser en tus hermanos,
Desvío y desatino, tu fuerza sobre el cazador,
Resurrección y vida, tu aliento en tus hijos,
Canto y denuncia, tu mensaje al depredador,
Eco y surco, tu música replicada en tu linaje,
Lanza y jabalina, tu tambor recibida de los dioses,
Guardián y defensa, tu táctica y estrategia,
Coraje y valentia, tu profecía en Cecilio Chi,
Belleza y ritmo, tu sonido en el corazón de Yuum K'áax.
Por eso el ts'uul te ha desaparecido como un 43.

PEDRO UC BE


 Siipkuuts

Grandeur et chant, ton image et ta voix
Farce et magie, ton corps sous la balle
Nahual et âme, ton être chez tes frères
Déviation, folie, ta force sur le chasseur
Résurrection et vie, ton souffle chez tes fils
Chant, dénonciation, ton message au prédateur
Echo et sillon, ta musique reprise en ton lignage
Lance et javeline, ton tambour reçu des dieux
Gardien et défense, ta tactique et stratégie
Courage et vaillance, ta prophétie à la Cecilio Chi
Beauté et rythme, ta résonance dans le coeur de Yuum K'áax
Pour cela le ts'uul t'a fait disparaître comme un 43.

(traduction N. Genaille)


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