lundi 9 février 2015

Tisserande de hamacs / Artesana de hamacas



Archives elChilamBalam, photo Carlos de la Cruz

À mon cours de maya, l'an dernier, j'ai lu un très joli poème que j'avais trouvé dans un petit livre allemand sur la langue maya. Il s'agit de la fabrication des hamacs.
Ce n'est pas un poème facile, parce qu'il est plein d'images et de mystère.


Dans la première strophe, on voit la vélocité de la main de l'artisane, la forme du hamac et ses couleurs variées, et ce lieu voué aux songes. Dans la deuxième, les couleurs des fils semblent se mêler aux couleurs du vêtement et des cheveux de la tisserande, jaune, noir et blanc. Comme dans la première, le hamac et l'artisane sont vus comme des oiseaux, le loriot (X-yúumyum en maya, "celle qui se balance" ku yúuntikubáa), et l'organiste à gorge jaune (chinchimbakal en maya, nom scientifique euphonia hirundinacea) avec ses plumes noires et jaunes. L'agilité et la régularité du travail sont évoquées ensuite avec l'image de la toile d'araignée: cela me fait penser au livre Danzas de la noche (Danses de la nuit) d'Isaac Carrillo dont j'ai déjà parlé, et où, dans une atmosphère onirique, la fillette et la Nuit dorment parfois dans des hamacs de toile d'araignée... La fin du poème évoque le destin du hamac, qui renferme tous les rêves des gens, et toutes les étapes de la vie des Mayas.

Il y a une ambiguité à propos de l'auteur de ce joli texte. Il fait partie des poèmes mayas publiés sur son site par l'Université Autonome du Yucatán (Uady), mais il y a une erreur sur le site. Dans la liste des textes, le poème figure avec l'attribution correcte comme oeuvre de Feliciano Sánchez Chan, mais dans la page du texte, il est attribué à une autre personne, Lourdes Cabrera, ce que reprennent tel quel les éditeurs du livre allemand. Que X-wak' k'áan, la Tisserande de hamacs, soit de Sánchez Chan est confirmé par mon professeur de maya.

Il s'agit de Feliciano Sánchez Chan, l'un des plus connus parmi les poètes mayas d'aujourd'hui. Il est né au Yucatán, dans un village près de Tekax, en 1960, et a reçu de nombreux prix de littérature en langue maya depuis 1992. C'est aussi un très actif promoteur de la culture maya. Sa belle oeuvre poétique la plus connue, intitulée Siete sueños (Sept songes), publiée en 1999, se trouve aussi parmi les poèmes de la Uady. Je les ai étudiés avec mon maître, et peut-être donnerai-je aussi dans mon blog quelques-uns de ces textes.

Lisez ci-dessous le poème maya et ma traduction française.

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En mi clase de maya, el año pasado, lei un muy bonito poema que había encontrado en un librito sobre la lengua maya en alemán. Se trata del tejido de los hamacas.
No es un poema fácil, porque está lleno de imagines y de misterio.

En la primera estrofa se ven la velocidad de la mano de la artesana, la forma de la hamaca y sus varios colores, ese lugar dedicado a los sueños. En la secunda, los colores de los hilos parecen mezclarse con los colores de la ropa y del pelo de la tejedora, amarillo, negro y blanco. Así como en la primera estrofa, aquí también la hamaca y la artesana son vistas como pájaros, la oropéndola (X-yúumyum en maya, "la que se mece", ku yúuntikubáa), y la eufonia (chinchimbakal en maya, nombre cientifico euphonia hirundinacea) con sus plumas negras y amarillas. La velocidad y la regularidad son evocadas después con la imagen de la telaraña: me hace pensar en el libro Danzas de la noche de Isaac Carrillo que ya comenté, porque en una atmósfera onírica, la niña y la Noche duermen ahí a veces en hamacas de telarañas... El fin del poema evoca el destino de la hamaca, que tiene todos los sueños de la gente, y todas las etapas de la vida de los hombres mayas.

Hay una ambigüedad sobre el autor de este bonito poema. Está entre los poemas mayas publicados en su sitio por la Universidad Autónoma de Yucatán (Uady), sin embargo el sitio se equivoco. En el índice, el poema figura correctamente como obra de Feliciano Sánchez Chan, pero desplegado el texto, el crédito es atribuido a otra persona, a Lourdes Cabrera lo cual toma tal cual los editors del libro alemán. Que Xwak’k’áan , la Artesana de hamacas, es de Sánchez Chan lo confirma mi profesor de maya. 

Feliciano Sánchez Chan es uno de los más conocidos poetas mayas de hoy. Nació cerca de Tekax, Yucatán, en 1960, y recibió varios premios de literatura en lengua maya desde 1992. Es también un muy activo promotor de la cultura maya. Su hermosa obra poética más conocida, Siete sueños, publicada en 1999, se encuentra también entre los poemas de la Uady. Los estudié con mi maestro, y quizá daré también en mi blog unos de esos textos.

Lean aquí el poema maya y mi traducción al español.


Archivo elChilamBalam, foto Carlos de la Cruz

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X-wak'k'áan

A k'aabo'obe'
u léembal ts'unu'un
jit'ik u chéelil
tu'ux ku yúumbal wayak'o'ob.

X-yúumyum
ku máansajtáantik u xik'nal
yéetel chinchimbakal
xa'ak'a'an yéetel u piits'il a pool.

Ka jit'il wayak'o'ob,
tu yiik'al a k'ab
ku síijil u saawin k'áan,
bey chúunk'in j-am
jit'it yóok'ol kaabe'.

Ka wak'ik k'áan
u k'áanil a wayak'
u kúuchil a k'u'uk,
u síijbal yéetel u kíimbal
a paapal wayak'
a úuchben wayak',
X-wak'k'áan.

Artesana de hamacas

Tus manos
relámpago del colibri
tejen el arco-iris
donde se mecen los sueños.

Oropéndola
que toma su vuelo
con el chinchimbakal
mezclado con el algodón de tus cabellos.

Urdes sueños.
De la velocidad de tu mano
nasce el tejido de la hamaca
como la araña del amanecer
teje sobre el mundo.

Urdes la hamaca
la hamaca de tu sueño
el lugar de tu plumaje
el nacimiento y la muerte
tus sueños mozos
tus antiguos sueños
artesana de hamacas

Tisserande de hamacs

Tes mains
l'éclair du colibri
tissent l'arc-en-ciel
où se balancent les songes.

Loriot
qui prend son vol
avec le chinchimbakal
mêlé au coton de ses cheveux.

Tu ourdis des songes;
de ta main agile, 
naît la maille du hamac,
comme l'araignée du matin
tisse sur la terre.

Tu tisses le hamac,
le hamac de ton rêve,
le lieu de ton plumage,
la naissance et la mort
tes rêves enfantins,
tes rêves d'autrefois,
tisserande de hamacs.


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