jeudi 3 avril 2014

VIOLETTES / VIOLETAS

Nous sommes en avril! Et au pied de chez moi, dans l'herbe, à ras de terre, poussent d'innombrables violettes… 
Je voudrais partager avec vous des extraits de ce texte de Colette (1873-1954) que j'ai savouré dès ma jeunesse:


"Et les violettes elles mêmes, écloses par magie dans l'herbe, cette nuit, les reconnais-tu? Tu te penches, et comme moi tu t'étonnes; ne sont-elles pas, ce printemps-ci, plus bleues? […]  Plus mauves… non, plus bleues… Je revois des prés, des bois profonds que la première poussée des bourgeons embrume d'un vert insaisissable, – des ruisseaux froids, des sources perdues, bues par le sable aussitôt que nées, des primevères de Pâques, des jeannettes jaunes au coeur safrané, et des violettes, des violettes, des violettes… […] Violettes à courte tige, violettes blanches et violettes bleues, et violettes d'un blanc-bleu veiné de nacre mauve, – violettes de coucou anémiques et larges, qui haussent sur de longues tiges leurs pâles corolles inodores… Violettes de février, fleuries sous la neige, déchiquetées, roussies de gel, laideronnes, pauvresses parfumées… O violettes de mon enfance! Vous montez devant moi, toutes, vous treillagez le ciel laiteux d'avril, et la palpitation de vos petits visages innombrables m'enivre…" (Les Vrilles de la Vigne, 1908).


des jeannettes jaunes au coeur safrané
narcisos amarillos con el corazón azafrán
(photo N.G.)

et des violettes, des violettes, des violettes
y violetas, violetas, violetas
(photo N.G.)

des primevères de Pâques
primulas de Pascua
(photo N.G.)

xxx

Estamos en abril! Enfrente de mi casa, en el césped, a ras de la tierra, crecen innumerables violettas
Querría compartir con ustedes ese texto de la escritora francesa Colette (1873-1954), que ya saboreé cuando niña, y que trato de traducir aquí:

"Y las violetas mismas, abiertas como por arte de magia en el césped, en la noche, ¿las reconoces? Te inclinas y, así como yo, te asombras: acaso ¿no son más azules esta primavera? […] Más malva… No, más azul… Recuerdo prados, bosques profundos que la primera subida de las yemas nubla de un verde imperceptible, arroyos fríos, fuentes perdidas, bebidas por la arena en cuanto nacieron, primulas de Pascua, narcisos amarillos con el corazón azafrán, y violetas, violetas, violetas… […] Violetas con tallo corto, violetas blancas, violetas azules, y violetas de un azul blanco veteado de nácar malva, - violetas debilitadas y anchas, que alzan encima de largos tallos sus pálidas corolas inodoras… Violetas de febrero, que florecen bajo la nieve, destrozadas, quemadas con la helada, callos, pordioseras perfumadas… O violetas de mi infancia! Todas ustedes suben enfrente de mi, enrejan el cielo lechoso de abril, y la palpitación de sus innumerables rostritos me embriaga..." (Los zarcillos de la viña, 1908).

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